Lena Nikcevic
"In-Utile"
Du 1er au 29 mars 2017
exposition
A travers cette exposition l’artiste cherche à confronter, interroger et explorer cette frontière hésitante qui existe entre un artiste et un artisan. Le titre même se rapporte directement à cette distanciation douteuse compte tenu du fait que le terme « utile » ait une signification extrêmement vague, souvent confondue avec celle du mot « nécessaire ». Cependant, si l’on utilise la négation de ce mot, à savoir « inutile », on obtient une signification beaucoup plus claire. Par exemple : Les artistes produisent en permanence des choses que, quand même, personne ne dira « inutiles ».
Toutes les œuvres qui font partie de cette exposition, en dépit de tout le savoir-faire artisanal qui était nécessaire à leur réalisation, mettent en avant la notion de « l’inutile » qui, à son tour, devient exacerbée une fois les œuvres placées dans le contexte de la vitesse de la société actuelle. Ces œuvres obligent à ralentir. L’art n’est pas pour les gens pressés. Par ce ralentissement elles trouvent leur utilité.
L’exposition est constituée de séries d’œuvres visibles dans le hall du Campus et d’une installation visible à l’extérieur.
- Stairway to heaven
(2013 – 2016, huile, marqueur à alcool, acrylique et relief en creux sur plexiglas, 181 x 248 cm)
Les deux tableaux représentent l’homme, minuscule confronté à l’immensité de la nature, mais qui remplit par sa présence le paysage dans lequel il se trouve :
Part I par sa pensé,
Part II par l’action de le traverser,
« Parfois j’emploie directement les images photographiques, parfois je travaille à partir de ma mémoire visuelle. Je les regarde, mes photos, prises comme des notes, comme des croquis, je commence par me rappeler tout ce qui n’apparaît pas sur l’image : la lumière fugitive, les ressentis de ce moment. Je me rappelle la vie des troncs des arbres, les structures de ces sculptures vivantes… Ensuite, j’essaie d’oublier tout ça et je mets le masque, je me bouche les oreilles, mes machines font du bruit, je commence à travailler le silence. Quelque chose émerge tout seul, la machine commence à définir une forme qui n’a plus rien à voir avec mes photos ni avec mes souvenirs. »
« La transparence, la profondeur, le bas-relief… je perce les formes ou je perce la lumière, à l’opposé de la nature de l’acte pictural « de couvrir », je « découvre ».
Nul ne peut décrire complètement ce qui se passe alors dans la relation entre la main et la machine utilisée, entre l’oeil et l’esprit. Cette relation entre le geste de la main et le geste de la machine se met à décrire malgré moi la mémoire d’une forme que je sais être déjà en elle-même un travail mémoriel. En quelque sorte, le geste retrouve de façon autonome la mémoire d’une forme déjà répertoriée dans la mémoire du monde. J’ai l’impression d’être un médiateur entre le stock d’images en circulation dans l’univers et le monde rendu visible à ceux qui regardent les œuvres. »
- Tendances à exister
(2013-2016 selon la sculpture, plexiglas thermoformé)
Fondant l’imaginaire dans le réel, et inversement, cette série se développe autour d’une métaphore de la photographie pour remettre en question l’authenticité de l’existence dans sa réalité. Le propos des Tendances à exister est de dévoiler l’invisible car il existe aussi et autant que la réalité visible, de montrer notre besoin de nous échapper, de nous sauver du chaos du quotidien urbain. Besoin d’arrêter le temps pour toucher la tranquillité de l’esprit universel qui fait partie de nous tous.
Dans L’Éloge de l’amour, Godard fait dire à son personnage Edgar : « Quand je pense à quelque chose, en fait, je pense à autre chose ». La photographie, après avoir été un outil de base de son travail, est interrogée, avec cette série de sculptures, par un autre médium qui rappelle ses procédés techniques : l’empreinte et le tirage.
- Double-faces d’après voyage
(2014-2016, technique mixte sur papier en recto et verso, 30 x 40 cm)
Il s’agit des pages dissociées du carnet de notes de l’artiste qu’elle utilise dans son atelier et qu’elle emporte avec elle pendant ses voyages depuis 2014.
Ce que je fais apparaît de l’autre côté. Une chose m’amène à une autre. Tout est question d’évaluation intuitive.
Trois phrases notées dans ce carnet « d’après voyage » et recouvertes avec de la peinture pour l’amour d’une image, ou d’une impression, ou expression, ambiance, réflexion, émotion, de l’extérieur, de l’intérieur, des deux… Pastels gras, crayons, marqueur à l’alcool, peinture à l’huile… Ce qui est tombé sous les mains de l’artiste, en France, au Monténégro, en Bavière, en Italie ou en Suisse… En voiture, sur une terrasse, à la montagne, au bord de la mer ou d’un lac, ou encore au retour dans son atelier … Témoignant des possibilités de la peinture et du dessin dans les situations inattendues ou inappropriées, comme dans une déclinaison d’exercices de style, ces Doubles-Faces sont les Entre-Faces, Entre-Temps et Entre-Espaces.
Ces « pages » sont présentées dans les cadres « double-face » et accrochées par un système modulable qui propose un dispositif ludique aux visiteurs, leur permettant de jouer avec les œuvres d’art découvrant le verso du recto de l’œuvre et son contraire, dans le but de se les approprier et reconstruire ainsi, presque à l’infini, une histoire des images et des impressions.
- Naopak rouge ,
Vernissage de l’exposition mardi 7 mars à 19h00